Uncertified pianist (who has been playing since the age of 6), who wishes to share what the piano can represent detached from the strict world of scores.

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• 1) Depuis quand développez­-vous une passion pour la musique et plus particulièrement pour votre instrument de prédilection ?

  J'ai commencé à jouer le piano quand j'avais seulement 7 ans. A ce moment-là, mes parents n'avaient pas énormément d'argent, et devaient absolument faire attention. Ma mère m'a donc dit que j'avais le droit à une activité. Elle m'a demandé de choisir entre le foot et le piano. Après un enseignement au foot, j'ai vite compris que c'était le piano qui était le bon choix pour moi. Après j'ai joué quelques ans avec un professeur, jusqu'à l'âge de 14 ou 15 ans. Mais je me suis vite lassé des chansons « pour enfants', et je challengais mon professeur à me donner des compositions plus avancés. Il me semble que c'était Rondo par Mozart, puis Elton John qui ont été les choix pour me sortir un peu des habitudes.
  
  Pendant mes années en école de musique on m'avait souvent souligné que j'avais ce qu'on appelle en norvégien « Gehør », c'est-à-dire que je jouais à l'oreille et que je pouvais facilement reproduire quelque chose que j'avais entendu. Cela était également une façon de contourner les partitions, une chose que je trouvais terriblement ennuyante.

• 2) Quelle musique pouvez-vous écouter en boucle avec toujours le même plaisir (et sans devenir dingue) ?

  J'écoute Tori Amos depuis plusieurs années maintenant. Je trouve que sa façon de jouer le piano me transporte quelque part ailleurs. Un peu comme un tapis volant… C'est surtout sa manière/philosophie de musicien qui m'intrigue. On est dans l'improv, la provoc, ou la volonté de challenger l'audience ou la société.

• 3) Parlez-nous du cours le plus difficile ou étonnant que vous avez pu donner !

  Un élève qui était extrêmement strict avec lui-même. Il s'arrêtait tous les deux minutes et « tapait » au piano. A un moment donné je me suis dit que ça allait finir en rage, mais c'était un énervement assez maîtrisé et fonctionnel

• 4) D'après vous, quel est l'instrument le plus compliqué à maîtriser et pourquoi ?

  La trompette, ou tout autre instrument qui doit être soufflé. Je vous avoue que ça m'exaspère de les regarder faire, j'ai l'impression qu'on réduit l'espérance de vie de 10 ans. En plus j'ai entendu que la pression maintenu sur plusieurs ans peut développer un double menton… sympa.

• 5) Quelles sont, pour vous, les clés de la réussite (hormis celles de Sol et de Fa) ?

  Dans tout ce que vous faites, donnez-vous envie de le faire. Peu importe le sujet, trouvez une façon que ça devient un peu intéressant pour vous. C'est la seule façon de « tricher » votre corps feignant de continuer de le faire. Je n'y crois pas à une façon militaire ou dogmatique. Par exemple ceux qui sont riches ne pensent pas si souvent à l'argent et ils en dépensent très peu… Ou alors trouver une façon de ne pas vouloir quelque chose de façon intense, et la chose sera à vous. Faire confiance aux choses.

• 6) Citez 3 musiciens avec lesquels vous rêveriez de faire un boeuf dans un bar à 2 h du mat et dites-nous pourquoi !

  C'est quoi faire un bœuf ? je ne suis pas français, j'ai des fois du mal à vous comprendre. D'après Google, il s'agit de faire un concert improvisé.
  - CocoRosie, parce que ces sœurs américaines sont les reines de l'improvisation. (cela compte pour deux ?) Leur mix de l'operatique, le hip hop et le traditionnel rouillé m'intrigue.
  - Ryuichi Sakamoto, parce que je n'arrive pas à jouer plus minimaliste que lui.

• 7) Une anecdote à raconter en rapport avec votre métier ou votre scolarité (et pas forcément la fiesta que vous avez faite suite à votre entrée au Conservatoire) ?

  J'ai fait mes études dans un village à Norvège, Volda !
  Déjà, commençant par le plus drôle, on a des universités dans des villages en Norvège…
  Mais ce que je voulais vous raconter par rapport à ces années là-bas, c'est que j'ai eu la chance de faire un semestre avec un compositeur très doué dans la musique contemporain, où l'improvisation règne. Ce que j'ai appris là-bas c'était l'expression à travers plusieurs formes, la danse, le théâtre, la photographie, le film, la musique voire la philosophie. Son cours "composition intuitive, improvisation et philosophie musicale" me semble excellent.
  
  Ce serait la première fois où mon examen aurait été d'éteindre la lumière d'une petite salle de 10m2, de la remplir d'une laine en gris-noir, d'installer deux chaises avec un iPad et un film que j'avais tourné, de me cacher sous la plaide et de jouer sur une énorme piano caché, et où mes examinateurs étaient arrivés et envahis par un son de piano d'où ils ne trouvaient ni le pianiste ni le piano. Et où le pianiste ne voyait pas complètement ce qu'il jouait.

• 8) Quel est votre petite touche qui fait de vous un Superprof adoré par tous ses élèves ?

  Je suis souriant, je ne les engueule pas, et j'essaie de faire mon mieux pour les débloquer. Il faut que ça reste fun.